La Croix de Victoria (VC) est la plus haute décoration militaire décernée pour bravoure « en présence de l'ennemi ». La VC a été présentée la première fois le 29 janvier 1856 par la reine Victoria pour honorer des actes de bravoure durant la guerre de Crimée. Pendant la Première Guerre mondiale, 72 Croix de Victoria ont été décernées à des soldats canadiens. Six d'entre elles ont été méritées lors de la bataille de la cote 70
Hanna
Sergent-major de compagnie
Robert Hill Hanna
En 1905, Robert Hanna immigra de Kilreel, en Irlande, à la Colombie-Britannique, où il travailla comme bûcheron. Tôt durant Première Guerre mondiale, Hanna s’enrôla dans le Corps expéditionnaire canadien. Doué d’un leadership naturel, il fut rapidement promu à travers les rangs.
En tant que Sergent-major de compagnie avec le 29e bataillon, Hanna démontra son leadership dans la Bataille de Cote 70. Le 21 août 1917, sa compagnie attaqua un blockhaus allemand. Protégé par des barbelés et une mitrailleuse, l’ennemi avait repoussé trois assauts précédents et infligé de nombreuses pertes aux Canadiens, dont tous les officiers avaient jusque-là été tués dans le combat aigu.
Gardant la tête froide, Robert Hanna assembla une troupe de soldats et mena un dernier assaut sur la position. Sous les tirs nourris de fusil et de mitrailleuse, Hanna franchit les barbelés et parvint à tuer l’équipe de mitrailleurs ennemis. Hanna et ses soldats se mirent aussitôt à fortifier leur nouvelle position contre les Allemands. Hanna et sa troupe tinrent la position jusqu’à leur relève, plus tard dans la journée.
Robert Hanna reçut Croix de Victoria, la plus haute distinction pour la bravoure, pour son courage exceptionnel et le leadership déterminé de sa compagnie.
Suite à sa libération de l’armée, Hanna retourna en Colombie-Britannique, où il éleva sa famille, géra un camp d’abattage et, éventuellement, devint agriculteur. Robert Hanna décéda le 15 juin 1967, à Vancouver.
Hobson
Sergent
Frederick Hobson
Frederick Hobson
Même avant les premiers évènements menant à la Grande Guerre, Frederick Hobson était soldat vétéran de l’Armée britannique, s’étant battu dans la guerre des Boers. Marchand de 39 ans de Galt, Ontario et père de cinq enfants, Hobson s’enrôla de nouveau. Cette fois, il joignit le Corps expéditionnaire canadien, où il fit partie du 20e bataillon.
Son expérience militaire fut requise en août 1917, durant la bataille de Cote 70. Apercevant une mitrailleuse Lewis à moitié enterrée et opérée par un équipage dont tous sauf un des membres avait été tués par un obus, Hobson fonça en avant. Alors que l’ennemi se précipitait vers la tranchée de communication, Hobson déterra le fusil, le réactiva et défendit la position. Lorsque la mitrailleuse souffrit un blocage, Hobson chargea de nouveau en avant et attaqua l’ennemi à la baïonnette jusqu’à ce que le seul mitrailleur survivant puisse la débloquer. Hobson repoussa ainsi l’ennemi assez longtemps pour permettre la réactivation de la mitrailleuse, ainsi que l’arrivée de renforts, avant d’être tué par une balle de l’ennemi.
Le brave soldat reçut la Croix Victoria pour sa bravoure et sa dévotion à son devoir. Son nom est immortalisé sur le monument de Vimy.
Konowal
Caporal
Filip Konowal
Né à Kutkivtsi, en Ukraine, le 25 mars 1887, Filip Konowal émigra au Canada en environ 1913. Il se joignit au Corps expéditionnaire canadien en 1915 et fit partie du 27ème Bataillon d’infanterie, dans lequel il atteignit le rang de caporal. Caporal Konowal reçut la Croix de Victoria grâce à ses actions du 22 au 24 août 1917, lorsqu’il mena sa section contre la résistance allemande à Cote 70. Il décéda le 3 juin 1959, à Ottawa.
Citation
« Pour la bravoure et le leadership remarquable en tête d’une section à l’attaque. Sa section avait la tâche difficile de s’occuper des celliers, des cratères et des emplacements de mitrailleuse dans les lignes ennemies. Sous son apte direction, toute résistance fut détruite et de lourdes pertes infligées à l’ennemi. Dans un cellier en particulier, Filip vainquit trois soldats ennemis à la baïonnette; dans un des cratères, il s’attaqua seul à sept ennemis et les tuèrent tous.
L’objectif atteint, un mitrailleur ennemi retardait le flanc droit, menant à de pertes importantes. Fonçant en avant, Cpl Konowal perça l’emplacement de mitrailleuse, tua son équipage et apporta l’arme jusqu’aux lignes canadiennes.
Le lendemain il attaqua un autre emplacement de mitrailleuse, toujours seul, tua trois membres de l’équipage ennemi et fit sauter le fusil et son emplacement avec des explosifs.
Sans aide et solitairement, le caporal tua au moins seize combattants ennemis. Il continua sans cesse dans son devoir durant les deux jours de combat jusqu’à ce qu’il fût sévèrement blessé. »
(traduction d’extrait de la London Gazette, n. 30400, 26 novembre 1917)
Learmonth
Major intérimaire
Okill Massey Learmonth
Le 11 mars 1914, Okill Massey Learmonth fut élu membre de la Société littéraire et historique de Québec. Six mois plus tard, il s’inscrivit comme soldat dans le Corps expéditionnaire canadien ; trois ans plus tard, en août 1917, il défendit férocement sa position sur un champ de bataille lointain, à Cote 70, en France.
Maintenant major dans le 2ème bataillon, Okill Learmonth n’avait que 23 ans quand il repoussa une contrattaque violente. Debout sur le parapet d’une tranchée, Learmonth bombarda constamment l’ennemi, dirigea la défense et inspira ses hommes avec son esprit de résistance. Malgré ses blessures, Learmonth défendit courageusement sa position, même attrapant les bombes ennemies et les rejetant contre les attaquants allemands. Même après une troisième blessure – la fracture de sa jambe – le major continua à donner des ordres à ses subalternes, tout en restant couché au fond de la tranchée. Finalement, on le persuada d’évacuer jusqu’à la station de dégagement des blessés.
Okill Learmonth succomba à ses blessures le 19 août 1917. Le major Learmonth reçut la Croix de Victoria à titre posthume.
O'Rourke
Soldat
Michael James O'Rourke
En août 1917, dans le conflit aigu pour sécuriser la Cote 70, le Corps canadien souffrait de nombreuses pertes. Michael O’Rourke, brancardier dans le 7e bataillon, luttait pour sauver la vie de ses camarades canadiens.
Né le 19 mars 1878 à Limerick, en Irlande, et orphelin dès un jeune âge, Michael O’Rourke émigra éventuellement au Canada, où il travailla dans une mine pour le Chemin de fer Canadien Pacifique dans le col Rogers, en Colombie-Britannique. O’Rourke se joignit au Corps expéditionnaire canadien durant la guerre et reçut la Médaille militaire pour son courage durant la bataille de la Somme, en 1916. Ce fut dans les premiers trois jours de la bataille de Cote 70 que O’Rourke démontra « une bravoure manifeste et une dévotion à son devoir ». Pendant ces trois jours, O’Rourke repoussa sans cesse le sommeil et le repos afin de retrouver et de soigner les blessés.
Durant la bataille, O’Rourke aperçut un soldat qui, aveuglé par une blessure aux yeux, titubait ici et là, tout en attirant le feu d’un sniper ennemi. Dans un effort extraordinaire, O’Rourke sortit de sa tranchée et, ignorant les tirs nourris des mitrailleurs ennemis, alla guider le soldat jusqu’aux lignes canadiennes.
En reconnaissance de « son magnifique courage et sa dévotion à ses travaux continuels de sauvetage, en dépit d’épuisement et de feu ennemi incessant », Michael O’Rourke reçut la Croix de Victoria, la plus haute distinction pour la bravoure. Michael O’Rourke avait 39 ans.
Après la Guerre, Michael O’Rourke retourna à Vancouver, où il travailla comme débardeur, gardien de nuit et travailleur. O’Rourke décéda le 6 novembre 1957, après une vie poste-guerre de quasi-pauvreté et pleine de difficultés.
Brown
Soldat
Harry Brown
Dès son 18e anniversaire, Harry Brown quitta la ferme de sa famille pour joindre le Corps expéditionnaire canadien, en 1916. Moins d’un an plus tard, il se retrouva en plein milieu du combat à Cote 70, près de Lens, en France.
Harry Brown servait de messager avec le 10ème bataillon lorsque son courage prévint incontestablement la perte d’une position canadienne essentielle, ainsi que de nombreuses vies canadiennes. L’ennemi menaçait d’envahir la position du 10ème Bataillon sur Cote 70 lors dans une de ses contrattaques. Les fils de communication rompus, des messagers canadiens furent envoyés avec la demande désespérée d’ordonner un tir de barrage sur l’ennemi.
Deux coureurs furent partis avec le message. L’un fut tué dans le feu nourri ennemi ; l’autre, Harry Brown, atteignit la ligne de support-proche, mais fut mortellement blessé. Épuisé, le bras fracassé, voire presque coupé, Brown tomba en bas des marches de l’abri d’artillerie et réussit à livrer son message à un officier avant de perdre connaissance. Malgré les soins médicaux, Brown succomba à ses blessures quelques heures plus tard, le 17 août 1917. Sa bravoure fut reconnue avec la Croix de Victoria. Sa dévotion à son devoir fut du plus haut degré imaginable.